• Annonce De la nudité et la sensualité en danse


    Vendredi 26 Février 2016 à 22:46
    Karidyae

    L'opinion commune tend à penser que la liberté est synonyme d'absence de limites. Elle veut également que l'art ne soit pas sujet à quelque principe moral que ce soit, au nom de la liberté d'expression. Elle prétend que la fin justifie les moyens. En danse, cela se traduit par une absence totale de pudeur.

     

    Ces quelques lignes suffisent en réalité parfaitement à refléter ma pensée, bien que je n'ai en fait rien dit pour le moment. J'établis simplement.

     

    Je commencerai donc par parler de cette chère liberté, qui tient tant à cœur à notre belle civilisation. Rien ne pourrait mettre en doute cette définition de la liberté, et notamment de la liberté d'expression (car l'art est bien une forme d'expression), selon laquelle on peut tout dire, de la façon qui nous plaît. En réalité, cette forme de liberté s'appelle la licence, et n'est absolument pas une véritable forme de liberté. La liberté n'est pas faire ce que l'on veut, mais savoir se donner à soi-même les limites, savoir pourquoi les limites sont à tel endroit et pas ailleurs, et tout cela grâce à ce qui fait la particularité de l'Homme : la pensée, et plus précisément, ce qui fait sa grandeur : la raison, qui permet d'ordonner la pensée. Bien entendu, lorsque je parle de choix et de motifs, je ne parle pas de faire ce qui nous plaît parce que cela nous arrange, mais bien de chercher et trouver ce qui est moral. Malheureusement, j'ai l'impression que ce mot est de nos jours considéré comme désuet et appartenant à un autre temps, quand il n'est pas carrément oublié. C'est pourquoi je tiens donc à l'écrire en toutes lettres, au cas où cela ne serait pas assez clair : l'art (et donc la danse) n'est pas dispensé de moralité, malgré toute la liberté d'expression que l'on pourra invoquer.

     

    Ceci posé, la question suivante sera : certes, mais pourquoi placer la limite avant la sensualité, et donc la nudité ? Comme si c'était penser cela qui était extrême, et non en arriver au point que l'on croit qu'il n'y a pas de limite à la liberté…

     

    Respect de la pudeur du public ? Zéro. Respect de la pudeur des danseurs ? Zéro. Respect de la dignité des danseurs ? Zéro. Donc respect tout court ? … Pardon, j'oubliais le respect du propos. Parce que la fin justifie les moyens, comme je l'ai dit plus haut. Comme s'il n'y avait pas des millions de manières de faire passer un message, autrement qu'en abolissant toute dignité.

     

    Mais en quoi est-ce indigne ? Tout simplement parce que cela ne respecte pas l'intimité du danseur. Sans intimité qui nous appartiennent, on devient une chose publique. Si rien de notre corps n'est personnel, comment prétendre à une quelconque dignité, dans la mesure où l'on ne s'appartient même plus ? Sans parler du fait qu'il est également impudique de vouloir voir, ou du moins de ne pas être gêné dans le fait de voir, des corps nus. J'appelle cela tout simplement du voyeurisme. Personne ou presque n'avouera évidemment cela, mais il me semble certain qu'accepter de voir des corps nus, sans aucune nécessité (et d'où peut bien venir la nécessité d'exhiber des corps nus, je vous le demande) relève d'une forme de perversité. La pudeur n'est pas un défaut, mais bien ce qui permet de préserver son intimité (et celle des autres), et donc son intégrité.

     

    Tout ceci vaut également pour la sensualité, bien entendu, puisqu'il s'agit aussi de montrer, même si c'est "pour de faux", une partie de notre intimité. En outre, la sensualité est normalement réservée à une seule et même personne, et pas pour des raisons professionnelles ou fonctionnelles, mais bien sentimentales ou tout du moins conjugales. Il est donc tout à fait irrespectueux pour cette personne de faire preuve de "sensualité" envers quelqu'un d'autre, même "pour de faux", et même sans en retirer aucun plaisir. Cela fait partie de l'intimité du couple, pas des compétences professionnelles. Et quand bien même le danseur n'aurait personne à qui manquer de respect, ou bien exhiberait cette sensualité avec son véritable conjoint, il reste toujours la question de l'intimité citée ci-avant.

     

    Ces mots paraîtront peut-être un peu fort, mais pour moi réduire à rien cette intimité et notre intégrité s'appelle purement et simplement de la prostitution, et je suis profondément déçue et dégoûtée de cette façon dont l'art est utilisé. L'art est censé être une manière belle et élevée de s'exprimer et de faire passer des messages, ou même simplement de représenter le beau. Mais il en est ainsi réduit à la plus basse humanité (ou plutôt inhumanité), en se limitant à exhiber les choses pour "faire passer des messages", plutôt que les transformer afin de transmettre le message sans porter atteinte à l'intégrité de qui que ce soit. Je ne dis pas savoir comment on peut faire passer tel ou tel message sans montrer directement les choses, et je pense qu'il y a certaines choses qui ne peuvent peut-être pas être transmises par le biais de certains arts, notamment ceux consistant à faire intervenir de véritables personnes (donc la danse, mais aussi le cinéma, le théâtre ; l'écriture est un peu à part, mais cela ne signifie pas qu'elle n'a aucune limite). Mais les limites font partie de la liberté, comme je l'ai déjà expliqué.

     

    Je ne prétends pas tout savoir, je ne prétends pas pouvoir trouver des solutions à toutes les limites que cela implique. Mais si ce sont les limites imposées qui posent problème, si c'est le fait de ne soi-disant pas être "libre" de faire ce que l'on veut comme on le veut, alors je ne sais plus quoi faire. Ce sont généralement les adolescents qui rejettent toute autorité supérieure, et j'ai bien l'impression que notre civilisation a cessé de mûrir depuis un moment, malgré tout ce qu'on veut nous faire croire.




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