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    → Descartes & le doute méthodique
    → La morale de Kant : partie 1

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    Descartes, conscienceDieu, Kant, moralemétaphysique

  • Voici un autre sujet fort intéressant : la morale. Et cette fois-ci, nous allons voir la vision de la morale d'Emmanuel Kant. Comme dans mon cours sur le doute méthodique de Descartes, je rédige cet article non seulement grâce à mon cours, mais aussi grâce à ma lecture de la Fondation de la métaphysique des mœurs. Ce cours sera divisé en trois parties, suivant les trois sections de l'oeuvre.

     

    — Fondation de la métaphysique des mœurs —

     

    Préface  —

    Dans cette préface, Kant explique la raison pour laquelle il souhaite chercher le « principe suprême de la moralité ».

    En effet, il distingue deux types de philosophies. Il y a d'une part, la philosophie formelle, c'est-à-dire la logique, qui ne repose pas sur des principes empiriques (les expériences et faits observés), mais est au contraire une philosophie pure. D'autre part, la philosophie matérielle représente quant à elle la physique (étude de la nature ou philosophie naturelle) et l'éthique (étude de la liberté ou philosophie morale).

    Kant explique qu'il faut faire précéder l'anthropologie (l'observation empirique de l'Homme) par la métaphysique des mœurs, autrement dit l'aspect purement mental et rationnel de la morale. La raison pure pratique consiste donc à se représenter ce que l'on doit faire selon les principes moraux dictés par la raison. En outre, pour qu'un acte soit moralement bon, il ne doit pas simplement correspondre extérieurement à la morale, mais être effectué par intention morale, par « amour de la loi morale » ; sans cela, le fait que cet acte paraisse moral est un hasard, car l'individu ne visait pas particulièrement la moralité. 

    Kant cherche donc à établir le « principe suprême de la moralité ».

     

    Première section : passage de la connaissance rationnelle commune de la moralité à la connaissance philosophique  —

    Pour commencer, Kant explique que la plupart des Hommes, voire tous les Hommes, ont pour but d'accéder au bonheur. Or, personne n'est capable de se représenter le bonheur de manière claire et précise. En outre, comme chaque organe est destiné à une fonction précise, qu'il remplit de la façon la plus parfaite possible, la raison possède nécessairement une fonction. Celle-ci ne peut pas être le bonheur, car au contraire, comme la raison permet d'accéder à une plus grande connaissance, elle peut conduire à la misologie (haine de la raison), car elle nous fait prendre conscience de toutes les menaces qui pèsent sur nous, de l'incertitude de l'avenir, et fait désirer plus de connaissances encore. De plus, l'Homme désire un bonheur absolu et infini, qui est impossible à atteindre pour une créature finie dans un monde fini. La raison possède donc un autre but, qui est supérieur et est celui de déterminer la volonté afin de la transformer en volonté bonne.

    La volonté bonne consiste dans le vouloir, c'est-à-dire dans l'intention de vouloir faire le bien, non pas par intérêt, mais uniquement par devoir. L'action n'est donc pas bonne lorsque ses conséquences atteignent un but, mais est elle est bonne en soi. En effet, l'intérêt que l'on souhaite trouver dans une action est purement personnel et subjectif, tandis que le devoir est objectif. En outre, le fait de considérer les conséquences d'une action pour juger de la moralité d'une action relève de l'empirisme et non de la raison.

    «
    Le devoir est la nécessité d'agir par respect pour la loi.
     »


    On ne peut pas avoir de respect pour l'objet d'une action (son but), car il n'est que l'aspect matériel de l'action, mais on ne peut qu'avoir une inclination (approbation, affection, amour... ). Au contraire, la loi pure, c'est-à-dire la règle morale, est objet de respect, qui est uniquement formel, tout comme la volonté bonne. De même, un comportement conforme à la morale, parce que l'individu possède naturellement un bon caractère ou recherche son propre profit mérite certes des « louanges et encouragements, mais non point de l'estime ».

    Par exemple, un marchand honnête avec ses clients peut l'être certes par devoir, mais il peut tout aussi bien - et même plus probablement - l'être afin de fidéliser ses clients et avoir bonne réputation (donc par intérêt), ou bien par philanthropie (inclination).

    Autre exemple : rester en vie est un devoir envers soi-même, mais les Hommes ont naturellement une inclination à vouloir garder la vie sauve (que l'on pourrait appeler instinct de survie). Il n'y a donc aucun mérite à être en vie. Toutefois, un être si désespéré qu'il voudrait attenter à ses jours, mais qui garde la vie par devoir est digne de respect, puisqu'il va à l'encontre de son inclination pour se soumettre à la morale.

    Le bonheur est également un devoir, mais là aussi, les Hommes y ont une inclination naturelle, qui fait que la recherche du bonheur n'est pas morale.

    «
    Le précepte du bonheur est ainsi fait, dans la plupart des cas, qu'il porte gravement préjudice à certaines inclinations, et qu'en tout état de cause l'Homme ne peut se faire un concept déterminé et sûr.
     »


    En effet, l'Homme ne sachant définir le bonheur clairement, comme nous l'avons dit plus haut, la recherche, qui n'est donc pas guidée par la raison, le conduit parfois dans l'erreur, qui peut lui être dommageable. Le bonheur ne peut dont être qu'une « seconde fin », conditionnée, car c'est la volonté bonne qui rend digne d'être heureux. La raison, elle, est inconditionnée puisqu'elle est objective et est une fin en soi.

    La question est maintenant de savoir comment définir les maximes (principes) de la morale, afin de pouvoir s'y soumettre.

    Kant choisit de laisser de côté les actions évidemment mauvaises, ainsi que celle que l'on ne pourrait vouloir effectuer autrement que par volonté bonne, car on ne peut y avoir d'inclination subjective et personnelle.

    Pour le reste, il établit le principe suivant :

    «
    Je ne dois jamais me conduire autrement que de telle sorte je puisse aussi vouloir que ma maxime soit vouée à devenir une loi universelle.
     »


    Ce principe est aussi appelé critère d'universalité, c'est-à-dire qu'il faut pouvoir souhaiter que tout le monde agisse de la même manière que nous.

    Par exemple, si, étant dans l'embarras, je me résous à faire une promesse mensongère, je dois me demander si je serais réellement satisfait que l'on agisse de même envers moi. En effet, si le mensonge devenait une loi , la promesse n'aurait plus même lieu d'être, puisque personne ne croirait personne. On aboutit donc à une contradiction, puisque l'action que je m'apprête à effectuer serait impossible si tout le monde était malhonnête comme moi.

     

    Kant a donc ainsi établi le principe de la moralité, qui repose uniquement sur l'intention de respecter une loi morale que la volonté s'est fixée grâce à sa raison. Nous étudierons dans la prochaine partie (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des mœurs ») que la volonté se doit donc d'être autonome.

    Si vous avez la moindre question, la moindre hésitation quant à la compréhension de cet article, n'hésitez pas à poster un commentaire. Vous pouvez également critiquer (de manière objective et non gratuite, bien entendu) la pensée de Kant, même si certaines choses vous seront peut-être expliquées par la suite (je vous le signalerai le cas échéant).


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